"Être Homme" ou "Être Femme" est ce naturel ?

le droit d'etre est conditionné par un genre


"Être Homme" ou "Être Femme" est une contradiction : être c'est exister en tant qu'individualité dans sa particularité en soi et pour soi alors que "Homme" ou "Femme" c'est une généralité, une catégorisation imposant un comportement identique à l'intérieur de la catégorie et différent à l'extérieur de la catégorie, une limitation niant de ce fait la spécificité de chaque individu en tant qu'être mais aussi dans sa part de création....

Enfermé à vie dans un tiroir

Je crois que la question du genre part sur des mauvaises bases, en reproduisant et en s'appuyant sur un étiquetage des comportements : il faut être gender quelque chose tout comme il faut être mâle ou femelle. Or il y aura toujours quelqu'un qui ne sera pas dans le bon tiroir et cela complexifie le choix. Or il y aura toujours quelqu'un pour vous reprocher d'être dans ce tiroir là et/ou de ne pas être dans l'autre. Au lieu de devoir subir un genre imposé à la naissance, on se retrouve à devoir faire un choix entre des dizaines de catégories, sans avoir la certitude qu'on est dans celle qui nous convient. On multiplie les divisions et les oppositions entre êtres humains. Or les "études gender ou queer" ne sont que très rarement issues des personnes concernées, mais d'universitaires cisgenre binaire exclusif en mal de reconnaissance dans leur communauté : ils l'obtiennent en créant des catégories comme on découvre une nouvelle espèce.

Le genre mâle/femelle et la sexualité unique qu'ils veulent nous imposer est une construction socio-politique totalitaire, afin d'assurer la reproduction de masse laborieuse spécialisée, au service de leurs chefs politiques et religieux. D'ailleurs, l'Histoire nous montre comment ces derniers ne se privaient pas d'exercer des sexualités, qu'ils refusaient à leur peuple en leur imposant des morales religieuses. Prétendre que La Vie est issue de la reproduction entre un mâle et une femelle humaine est un non-sens idéologique. Prétendre que l'ensemble de notre identité est liée au nombre de fois où nous nous sommes reproduit est une hérésie.
Sinon au delà des 20mn nécessaire à la reproduction, qui êtes vous alors ?
La vie sur notre planète est issue de la division cellulaire, et le genre humain n'y échappe pas.

D'ailleurs bien avant les religions monothéistes, on reconnaissait plus de deux genres dans la plupart des sociétés, tout comme il existait plusieurs statuts de femmes. Les communautés leur attribuaient des pouvoirs sociaux politiques et spirituels, mais les religions ont ordonné leurs diabolisations et leurs massacres dès le quatrième siècle, pour s'accaparer leurs pouvoirs et leurs ressources, tout comme ils l'ont fait avec les femmes pour s'emparer de leurs connaissances médicinales. Je rappelle que toutes les religions abrahamiques ( le judaïsme, le christianisme et l'islam) reconnaissent à leur genèse un être humain non divisé, non séparé, et que le genre humain retrouvera cette unité, tout comme dans les mythologies. Les croyants devraient donc fêter les transgenres ; mais au lieu de ça ils continuent de les violenter et de les assassiner au nom de leurs croyances perverties par leurs chefs...

La construction idéologique du genre ne date pas du 21 ième siècle, contrairement à "la théorie du genre" qui est en réalité fabriquée et promulguée par l'extrême droite.  Le dogme religieux d'une seule sexualité avec deux genres uniques se heurte au mur de la réalité scientifique, historique et sociale. Leur but est de manipuler et d'asservir les personnes les plus faibles en arrangeant les études scientifiques pour donner corps à leurs croyances.
Ils désignent par leurs lois et fustigent les différences de certains pour s'autoproclamer "les élus", ils attribuent une "théorie du genre" à une communauté scientifique qui n'a émis aucune théorie sur le sujet. L'extrême droite religieuse ne cherche pas la vérité ; ils veulent imposer leur déraison, leur morale, leur endoctrinement... Ils veulent continuer à pratiquer les mutilations psychologiques, des excisions sociales et économiques, au nom de leurs croyances et de leurs terreurs.

le droit humain universel

Nous sommes avant tout des êtres vivants et peu importe notre sexe physique ou notre genre. Nous ne devrions pas choisir une catégorie de genre, pas plus que nous ne devrions imposer un genre à la naissance et un comportement social typé. A mon sens, la question de genre se situe plus dans le droit fondamental d'un ressenti, d'une appétence émotionnelle, et le droit de l'expérimenter, de le vivre au delà du faux clivage homme/femme, dans toutes ses variations.

Or il est démontré scientifiquement que la sexuation du cerveau et du corps ne sont pas nécessairement les mêmes, que la physiologie de la sexuation reste invisible à l'oeil nu, que le sexe physique n'a pas de rapport ni avec l'attirance sexuelle ni avec l'identité et réciproquement. Il existe de même suffisamment d'espèces transgenres dans notre monde pour démontrer que l'apriori d'une binarité sexuelle exclusive n'est pas naturel mais dogmatique. La testostérone n'est pas exclusivement masculin et varie spécifiquement entre les individus. Tout comme l'oestrogène. Imposer une identité et un comportement  définitivement à une personne, à partir d'un organe vu par d'autres pour les croyances magiques qu'ils lui prètent vous parait il réellement sensé ?!. Imposer depuis sa naissance à une personne de porter ad vitaem un ruban coloré bleue ou rose n'est ce pas de la violence ?

L'expression " genre dans un mauvais corps" illustre le propos : c'est bien parce que nous aliènons un corps à une identité, à un comportement social et émotionnel, que certains subissent les pressions idéologiques de leur communauté, qui accorde du crédit à l'affirmation non démontrée, qu'un corps a un comportement typique. Mais ce comportement social est appris et imposé depuis des générations, sur de fausses croyances dogmatiques, sur des injonctions sociales, ou plutôt sur l'ignorance en prêtant des pouvoirs magiques à un organe. L'histoire de la transexualité nous montre en réalité l'injonction totalitaire de se conformer à un modèle dogmatique binaire exclusif.


Ce qui pose en réalité problème, ce n'est pas ce qu'ils sont ; c'est ce que les autres croient qu'ils sont. Chaque individu est porteur d'énergies, d'appétences dites masculines et féminines qui sont variables dans le temps et selon les personnes. Il peut se sentir l'un ou l'autre, l'un et l'autre, ou aucun des deux, avec des degrés différents selon sa propre sensibilité, le moment mais aussi selon l'individu. Nous devrions avoir la possibilité d'exprimer ses appétences tant socialement que personnellement ainsi qu'émotionnellement, sans être genré. Les appétences sont humaines et n'ont rien à voir avec une quelconque catégorie.  Le malaise vient de la société où un individu ne peut expérimenter le comportement de son ressenti, sans être critiqué, jugé ou discriminé, qu'à la condition qu'il ne contrarie pas la fausse croyance de comportement, d'un ressenti émotionnel propre au sexe magique.

la véritable liberté ne serait il pas d'aimer l'autre pour ce qu'il est émotionnellement plutôt que pour ce qu'il parait être physiquement ou/socialement ? La vie ne serait elle pas plus agréable si on acceptait l'autre pour la beauté qu'il nous offre, plutôt que de le contraindre à une apparence d'honnêteté? Qui et quel loi naturelle nous donne le droit de juger et d'imposer à autrui ce qu'il est ? de lui imposer un comportement, un genre, une étiquette ? Il n'y a aucune loi scientifique qui le permet, pas même religieuse.

l'erreur fondamentale

je me dis au final que le véritable problème de nos sociétés avec le genre, c'est que nous avons rendu l'existence conditionnelle à l'attribution d'un genre exclusif et définitif, nous ne pouvons exister que si nous avons un genre spécialisé, un organe. Or l'existence, le fait d'exister est inconditionnel, tout comme est l'amour (ou le devrait). Nous ne pouvons aimer l'autre qu'à la condition qu'il possède un genre reconnu pour le restant de nos vies. Nous ne pouvons accepter l'existence de l'autre que si nous reconnaissons son genre pour l'éternité. Le genre est une prison dans laquelle les autres nous enferment. Le genre n'est pas la vie, c'est un tombeau dans lequel nous sommes enfermés vivants ; c'est une pierre tombale.

Et cela devrait être le tout premier droit humain : être sans aucune condition. Mais ces conditions ont été imposées par les religions et les économies pour asservir les peuples. Être sans condition peut a mon sens expliquer pourquoi le débat élève autant de résistance, de violence contre tous ceux qui sortent du schéma : il met en évidence les dysfonctionnements de la normalité, le conditionnement des esclaves, leurs terreurs de ne plus être la norme, la peur d'être libre, libéré des dogmes idéologiques.  Et le besoin de créer plus de catégories de genre sont autant de tiroirs d'homologation, de certificats à la normalité... mais ce qui tend a démontrer alors que ce n'est pas en créant d'autres catégories de genre que nous vivrons mieux... Pourtant au commencement, est le verbe et le verbe fut.

La lutte contre l'idéologie binaire du genre est au 21ième siècle, ce que la lutte contre l'idéologie raciale fut du 19ième siècle.


"ce qui est contre nature n'est pas de posséder un genre différent de ses attributs sexuels, c'est de considérer ces attributs comme l'élément de différenciation du genre. L'hypothalamus, l’hypophyse, le cortex cérébral, les neurones et les hormones ont autant d'importance dans la détermination du genre que les attributs extérieurs. C'est la même raison pour laquelle la sensibilité des personnes peut varier au cours de leur existence ou de leur journée. Ils entrent en action dès la quatrième semaine de grossesse. A ce titre le genre est une échelle sur laquelle le curseur peut plus ou moins varier en fonction de l'imprégnation du cerveau lors de la grossesse et au cours de la puberté."
Dr Fintan Art Colloque scientifique sur les neurosciences et transgenres 2013

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Notes :
1 : la binarité des sexes c'est le concept qu'il existe une distinction claire et nette entre homme et femme. Or les scientifiques sont plutôt sceptiques quant à cette distinction "naturelle" et un comportement différencié. Il est possible de concevoir des tests scientifiques pour bon nombre de ces sexes, mais aucun d’entre eux ne fournit une réponse réellement binaire «masculine ou féminine». Les résultats dépendront toujours de moyennes, de normes statistiques ou de seuils arbitraires, et il y aura toujours des personnes qui apparaissent à la fois masculines ou féminines (ou les deux) lorsque les neuf types de sexe sont pris en compte. De plus, ce que la science ne peut pas faire, c’est nous dire lequel de ces tests est la meilleure mesure du sexe ou qui nous donne notre véritable identité - cela dépend entièrement de ce que nous voulons faire des résultats, de la raison pour laquelle nous effectuons des tests, et nos attitudes culturelles envers le sexe et le genre (le genre étant les aspects psychologiques et sociaux de l'identité sexuelle). https://www.theguardian.com/science/the-h-word/2015/feb/19/nature-sex-redefined-we-have-never-been-binary

2 : depuis 2010 les scientifiques arrivent au consensus que le genre est un spectre autour des deux extrêmes masculin et féminin. Or personne n'est réellement à ces extrêmes. les nouvelles technologies de séquençage de l'ADN et de biologie cellulaire révèlent que presque tout le monde est, à des degrés divers, un patchwork de cellules génétiquement distinctes, certaines avec un sexe qui pourrait ne pas correspondre à celui du reste de leur corps. «Je pense qu'il y a beaucoup plus de diversité chez les hommes et les femmes et il y a certainement un chevauchement où certaines personnes ne peuvent pas facilement se définir au sein de la structure binaire», déclare John Achermann, qui étudie le développement du sexe et l'endocrinologie à l'University College London. https://www.nature.com/news/sex-redefined-1.16943

3 : Des muscles et du poil au menton ? Au lieu de penser qu’elles avaient pu prendre des hormones mâles, on s’est demandé si elles étaient de vraies femmes. Alors il y a eu les tests gynécologiques dans l’athlétisme. » Et une définition est apparue : est une femme une personne qui a des organes sexuels féminins. EA-SY. Puis la méthode est remplacée par des tests chromosomiques, et devient une femme une combinaison de chromosomes XX, et non XY… Sauf que, surprise, ils sont tombés sur des intersexués. Et quand on est X0, XXY, YXX, ou XXYY ? https://www.neonmag.fr/ca-veut-dire-quoi-etre-une-femme-ou-un-homme-aujourdhui-504637.html


4 : "Les études scientifiques se heurtent toujours à de puissants discours qui rapportent les différences perçues et la hiérarchie entre les hommes et les femmes à un invariant naturel. Or on n'est pas homme ou femme de la même manière au Moyen-Âge et aujourd'hui. On n'est pas homme ou femme de la même manière en Afrique, en Asie, dans le monde arabe, en Suède, en France ou en Italie. On n'est pas homme ou femme de la même manière selon qu'on est cadre ou ouvrier. Le genre est un outil que les scientifiques utilisent pour penser et analyser ces différences", souligne Laure Bereni, chercheuse au CNRS.

5: "Quand l'opinion affirme qu'il y a deux sexes, elle soutient qu'il existe, dans chaque espèce, deux types d'individus et seulement deux. Elle prétend à un naturalisme déterminant. Mais quand la science évoque la binarité des sexes, elle est bien plus circonspect. Quand la science et l'opinion  se rencontre, c'est sur un malentendu en fait. Les cellules sexuées existent bel et bien dans la nature. Mais répartir les individus en seulement deux catégories, mâle et femelle, est une pratique réductrice, peu respectueuse de ce qu’il en est biologiquement." Des Sexes Innombrables de Thierry Hoquet, professeur de philosophie à l’université Jean-Moulin Lyon 3, spécialiste de l’histoire et de la philosophie de la biologie. https://www.franceculture.fr/emissions/continent-sciences/le-genre-l-epreuve-de-la-biologie