est ce que les transgenres sont malades ?

les transsexuelles sont ils malades

la transexualité est elle une maladie Mentale ?


Si la première description médicale française remonte à Esquirol (1838), le "transsexualisme" est un terme inventé par le milieu médical au cours des premières grandes études sur la sexualité humaine. Pour fonder ce concept, les médecins s'inspirent des idéologies religieuses dont ils sont imprégnés ; celles-ci font du corps le lieu de toutes les perversités qui corrompent l'esprit humain, siège de Dieu. Modifier son corps revient alors à modifier sa relation à Dieu, et par là-même la nature de Dieu...

"Transgenre, c'est vraiment quelque chose de contre nature."
Une personnalité à la télévision


La maladie transsexuelle

Lors de ces études sur la sexualité, les méconnaissances médicales et les opinions péremptoires de médecins en mal de notoriété se traduisent par un amalgame longuement entretenu dans le public entre la transsexualité et le travestisme. En faisant du pénis l'élément central des relations humaines, La psychanalyse réduit l'Humanité à une société de malades névrotiques. Dès lors, La croyance populaire octroie durablement un fétichisme malsain pour les attributs féminins et une sexualité débridée aux transsexuels. Or les scientifiques démontrent bien plus tard que les attirances sexuelles ne sont pas liées à la personnalité d'un individu, pas plus que les transsexuelles soient spécifiquement atteint d'une perversité sexuelle pulsionnelle ; c'est pourquoi nous ne parlons plus de transsexualisme mais de transidentités ou de "trans-genres" pour les personnes qui ne correspondent pas à la norme binaire du genre.

"Une transsexuelle n'est pas une femme mais un homme. La tolérance n'est pas la négation de la réalité."
un internaute


Les causes des souffrances

Le caractère insistant et non réductible de la demande des personnes transgenres à pouvoir vivre dans le genre qu'elles ressentent a laissé croire en un trouble obsessionnel de la personnalité ou de l'identité. En effet on ne peut imposer à une personne d'être exclusivement ce que veut son entourage. C'est aussi aberrant que vouloir réclamer la psychiatrisation d'une personne pour refus insistant d'être une chaise, sous prétexte qu'un groupe décide que cette personne doit être une chaise. Un enfant en bas âge est plus enclin à affirmer son identité de genre car il n'est pas investi par son entourage de tabous et d'idéologies malsaines. Certains psychiatres et médecins ont largement théorisé sur une carence éducative comme cause de ce trouble, accusant tour à tour les parents ou l'entourage, ce qui n'a jamais été démontré. Or aucune pratique psychologique ou psychiatrique n'a pu réduire cette demande dans le cas de personnes transgenres et ce, malgré les violences et discriminations sociales. Pourtant certains médecins entendent encore en 2020 valider la demande des personnes transgenres par la résistance à cette violence, ce qui s'apparente à de la torture. Ces dernières d'ailleurs sont aujourd'hui reconnues comme la principale cause de leurs souffrances par l'association internationale de psychiatrie. Elles engendrent non seulement des coûts importants pour la société mais elles motivent aussi pour beaucoup la mise en adéquation de l'apparence physique avec le genre ressenti, d'intégrer la norme afin de réduire les risques d'agressions et d'exclusions.

La fin de la psychiatrisation

Les causes de la transidentité ont été le sujet de beaucoup de conjectures sociologiques et psychiatriques de la part de personnes en mal de reconnaissance. Certains extrémistes n'hésitent pas à faire passer les refus médicaux d'opération de réassignation sexuelle pour des dé-transitions prétendant valider ainsi les "thérapies de conversion". Mais aucune théorie psychologique n'a fait consensus à ce jour parmi les scientifiques et chercheurs. Et affirmer individuellement de manière catégorique en utilisant le biais de légitimité, ne constitue jamais une démonstration scientifique. C'est pourquoi la transidentité sort du champ psychiatrique, n'étant plus considérée comme une maladie mentale. De la même façon il est reconnu en sociologie comme en histoire l'existence de personnes transgenres intégrées dans leurs sociétés bien avant leur pathologisation par la médecine et leur diabolisation par les religions.

"Si vous étiez plus discrets aussi, personne ne viendrait vous embêtez ; vous provoquez la transphobie"
Un instagrammeur connu


la transidentité est elle une maladie physique ?

Plusieurs recherches cliniques ont été menées sur des personnes transgenres qui vont de l'administration de produits plus ou moins pharmaceutiques, a des observations chirurgicales dont il est très difficile d'obtenir la littérature. Les expériences médicales dont ils ont fait l'objet reste un oubli tacite dont s'accommodent la médecine en particulier, la société de manière plus générale, sans qu'aucune d'entre elles n'est pu apporter une réponse scientifique.

"Tu peux te faire refaire complètement ; ça changera jamais tes chromosomes"
un cisgenre hétérosexuel


Mais une étude menée par Lauren Hare du Prince Henry’s Institute of Medical Research a rapporté en 2008 que les femmes transgenres avaient un gène récepteur des androgènes plus long que celui des hommes cisgenres, ce qui rend moins efficace la liaison à la testostérone, et donc ce qui pourrait empêcher la masculinisation complète du cerveau. On savait déja depuis 1990 que le gène SRY sur le chromosome Y agissait sur la différenciation sexuelle du foetus entre la cinquième et la douzième semaine de grossesse en le masculinisant ou pas, puis on a découvert un gene similaire chez la femme, ce qui permettait d'affirmer que le sexe était une variation sur une échelle où homme et femme sont les extrémités que nul n'atteint.


Pour les chercheurs de Université Augusta, l’un des facteurs pouvant expliquer la dysphorie de genre pourrait venir de l’estradiol, un œstrogène primaire que nous produisons tous très brièvement lors de la phase périnatale. Leurs études scientifiques montrent en 2019 que la dysphorie du genre proviendrait d’allèles sur le chromosome X dont les récepteurs aux oestrogenes réagiraient comme les femmes pour les personnes MTF et comme les hommes pour les personnes FTM. La brève libération d’estradiol entraînerait deux possibilités :
- soit la présence de stimulation des récepteurs d’œstrogènes, ce qui aboutirait à un “cerveau masculin”,
- soit l’absence de stimulation des récepteurs d’œstrogènes, donneraient naissance à un “cerveau féminin”.

"la transexualité est une maladie ; c'est normal de ne pas vouloir l'attraper"
un internaute


Mais les résultats de l'étude scientifique vont encore plus loin : les chercheurs se sont concentrés sur le développement cérébral spécifique au sexe. Vers la vingt-deuxième semaine de grossesse, le cerveau est dans un bain d'œstrogènes nécessaire au début de la vie. Ce bain sollicite plus ou moins les récepteurs d'oestrogene des gènes qui y répondent de manière individuel et variable. les tests de vérification ADN ont révélé plus de 120 000 variantes génétiques possibles entre le sexe biologique et le sexe cérébral, permettant de contredire la binarité du genre.

Pour John Graham Theisen, chercheur en Endocrinologie et Genetiques, ces résultats montrent que le sexe, ou plus exactement le genre, constitue une des variantes génétiques responsables de nos traits individuels, comme la couleur des yeux ou la taille des pieds. La réalité génétique nous montre que le genre est une variable humaine individuelle pour laquelle la société actuelle n'est pas adaptée. De ce fait imposer à l'humain de s'adapter à cette société, en allant à l'encontre de ses gènes, est contre-nature.

"Pour être une femme il faut avoir un utérus ; c'est de la biologie de base"
une femme dans la rue


Un biais normatif peut laisser imaginer une mutation génétique, qui ferait des personnes transgenres des aberrations symptomatiques d'une humanité décadente. Mais c'est ignorer que l'Histoire nous prouve l'existence de ces personnes à différentes époques, dans différents groupes sociaux et à différents endroits du globe. Or l'Humanité n'a pas été remplacée ou n'a pas disparue pour autant.

Le genre n'est donc ni un désir ni un choix, ni une perversité diabolique ou psychologique et encore moins une maladie. Prétendre le contraire est délirant et imposer à quelqu'un d'être ce qu'on croit est un viol psychique. Puisque le genre est tributaire des gènes sensibles aux oestrogènes, l'anatomie n'est pas un critère pertinent pour imposer à une personne un comportement à vie. Mais alors la visualisation des organes sexuels reproducteurs ne peut en aucun cas constituer une preuve irréfutable et définitive de l'identité de genre d'une personne. Aucun organe ne permet d'imposer une identité.


"Je te dis elle parce que j'ai encore une femme devant moi."
une endocrinologue transfriendly

Co-auteur de cette recherche, le Professeur Vincent Harley a ajouté:
«Il y a une stigmatisation sociale que le transsexualisme est tout simplement un choix de vie, mais nos résultats confirment une base biologique de la façon dont se développe l’identité de genre. »


Liste des références bibliographiques



1 Dès la fin du XIXe siècle, la transgression des normes de genre par les enfants a été perçue comme l’indication d’une criminalité latente nécessitant une correction. Un premier test censé mesurer la masculinité et la féminité sera élaboré, dans les années 1930, par Lewis Terman et Catherine Miles dans les prisons. Mais presque un siècle plus tard, une étude en 2019 a révélé que les enfants transgenres montraient de fortes préférences pour les jouets et les vêtements généralement associés à leur identité de genre, et non à leur sexe. Leurs préférences ne semblaient pas différer en fonction de la durée de leur vie en tant que sexe actuel. Les enfants transgenres ne semblaient pas non plus avoir des préférences très différentes des enfants cisgenres ayant la même identité de genre, selon le rapport dans le "Proceedings of the National Academy of Sciences".

2 Contrairement à ce qu'affirment les opposants à la diversité du genre, le cas de David Reimer, traité par le psychologue John Money, démontrent en réalité que la dysphorie du genre n'est pas seulement tributaire d'une éducation ou d'un environnement, puisque celui-ci a rejeté l'assignation forcée à un genre imposé. Par contre son témoignage adulte met en évidence la violence avec laquelle nous recevons l'injonction de se conformer à la binarité du genre et les interdits sociaux qui les encadrent. David Reimer n'a jamais été une personne transgenre. C'est un petit garçon qui suite à une circoncision ratée s'est vu assigné de force au genre feminin par son entourage sous la pression sociale de la binarité des genre. Et ça ne marche pas.

3 Les études sur la violence rencontrée par les personnes transgenres montrent que les femmes transgenres subissent les mêmes violences que les femmes cisgenres, auxquelles viennent s'ajouter des violences raciales, homophobes, transphobes, religieuses et médicales. Les violences économiques et professionnelles / scolaires étaient les moins fréquemment signalées (25,0%). Il existe plusieurs raisons à cela : l'effet d'autorité quand il y a un lien de subordination, l'effet de groupe qui protégera ses intérêts propres dans une cour scolaire comme dans une entreprise, la difficulté à prouver ce type de discriminations et la peur de représailles.

Le Réseau européen pour l'enquête sur l'incongruence de genre (ENIGI) est la plus grande étude lancée en 2010 sur les personnes transgenres dans le monde, et il est unique: la plupart des études était petites et examinaient les résultats des personnes qui ont déjà subi un traitement hormonal et une chirurgie. Les études sont nettement plus vastes à l'heure actuelle.
https://epath.eu/enigi-publications/

5 Jonathan Vanhoecke, chercheur en neurobiologie au University of Sousthern California, déclare :
" Une partie du défi est la grande variété de structures cérébrales chez les personnes en général. Les chercheurs ont trouvé des différences entre les cerveaux des hommes et des femmes cisgenres, par exemple, mais la variation au sein de chaque sexe est également considérable. Cette idée des soins de santé binaires, que vous êtes un homme ou une femme, ce n'est qu'au cours des dernières années que les chercheurs commencent à dire que ce n'est tout simplement pas vrai."


6 Simón (e) D Sun est doctorant au Tsien Lab du Neuroscience Institute de l'Université de New York
"Alors que la sollicitation brève et coordonnée de la SRY initie le processus de différenciation sexuelle masculine, des gènes comme DMRT1 et FOXL2 conservent certaines caractéristiques sexuelles qui s'ils venaient à être inactifs, pourraient présenter des caractéristiques du sexe opposé... En termes simples, l'idée d'un binaire sexuel n'est pas scientifiquement utile, et cela n'est nulle part plus évident que dans le cerveau."

7  Bioéthique : AMENDEMENT N°2472
 
http://www.assemblee-nationale.fr/dyn/15/amendements/2243/AN/2472
"l’étude Myosotis menée par David Cohen et Agnès Condat sur le développement psycho-affectif des enfants conçus par assistance médicale à la procréation dont le père est transgenre a montré que l’identité de genre des parents n’a pas d’impact sur l’épanouissement des enfants. La transidentité n’est donc en aucun cas une contre-indication à la parentalité."

Female sex hormones in men with migraine -Willebrordus P.J. van Oosterhout, Guus G. Schoonman, Michel D. Ferrari-https://n.neurology.org/content/91/4/e374
"Selon une équipe de chercheurs du Centre médical de l'Université de Leiden (Pays-Bas), les hommes qui souffrent de migraine ont beaucoup plus d'œstrogènes dans le sang que les autres. les chercheurs ont constaté que les hommes souffrant de migraine avaient une concentration moyenne d'estradiol de 97 picomoles par litre (pmol/L), comparativement à 69 pmol/L chez ceux qui n'en avaient pas. "Ce résultat explique, du moins en partie, pourquoi la migraine est beaucoup plus fréquente chez les femmes que chez les hommes", concluent les chercheurs."

9 Des Sexes Innombrables de Thierry Hoquet, professeur de philosophie à l’université Jean-Moulin Lyon 3, le genre à l'épreuve de la biologie. https://www.franceculture.fr/emissions/continent-sciences/le-genre-l-epreuve-de-la-biologie
"Quand l'opinion affirme qu'il y a deux sexes, elle soutient qu'il existe, dans chaque espèce, deux types d'individus et seulement deux. Elle prétend à un naturalisme déterminant. Mais quand la science évoque la binarité des sexes, elle est bien plus circonspect. Quand la science et l'opinion  se rencontre, c'est sur un malentendu en fait. Les cellules sexuées existent bel et bien dans la nature. Mais répartir les individus en seulement deux catégories, mâle et femelle, est une pratique réductrice, peu respectueuse de ce qu’il en est biologiquement." 

10 « La génétique est beaucoup plus complexe que l’état civil, rappelle Joëlle Wiels, biologiste et directrice de recherche au CNRS au laboratoire Signalisation, noyaux et innovations en cancérologie4, dont les travaux contestent « le dogme trop bien établi du binarisme sexué » et l’usage politique qui en est fait. « Il ne s’agit pas de remettre en cause la réalité biologique de la sexuation, mais de contester sa dualité absolue. »